HANOI (AFP) - Le Vietnam hésite entre optimisme et prudence dans son combat contre la grippe aviaire, à la fois satisfait de sa capacité à contrôler le virus depuis plusieurs semaines et conscient que celui-ci a été particulièrement virulent, ces deux dernières années, en janvier et février.
A moins d'un mois du nouvel an lunaire, le têt, au cours duquel les Vietnamiens consomment de grandes quantités de poulet, la vigilance reste de mise.
"On ne peut pas dire que la situation soit meilleure ou pire cette année car le pic de l'épidémie intervient souvent en janvier et février", rappelle Hoang Van Nam, directeur adjoint du département de santé animale au ministère de l'Agriculture.
"Nous devons rester en alerte pour nous préparer à passer ce mois et le suivant", ajoute-il.
Le pays a tremblé lorsque le virus H5N1 s'est remis à tuer en masse les volailles de plusieurs provinces du pays, début octobre, soit deux mois plus tôt que d'habitude.
Au total, 25 des 64 provinces du pays ont été touchées par des foyers épidémiques depuis cette date. Mais aujourd'hui, quatre seulement continuent d'enregistrer des cas, les autres n'ayant déclaré aucun foyer depuis au moins 21 jours.
La maladie a fait 42 victimes au Vietnam, sur les plus de 70 recensées dans le monde entier depuis fin 2003. Mais seul un décès a été officiellement recensé depuis fin juillet.
Un succès attribué en partie à la mobilisation des services sanitaires, qui ont su limiter les transports de volailles et sensibiliser les paysans et responsables locaux.
"Les gens ont cessé de vendre et de jeter les volailles mortes dans les lieux publics et les sources d'infection ont été limitées," affirme Dinh Van The, directeur du département de santé animale de la province de Long An, dans le sud du pays.
Au total près de quatre millions de volailles ont été détruites depuis octobre. Le pays a parallèlement mené une campagne de vaccination des volailles avec l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Le nombre exact d'oiseaux vaccinés est indisponible. Mais les chiffres officiels font état de 241 millions de doses injectées. Certains oiseaux ont été vaccinés deux fois comme l'exige le traitement optimum, d'autres une fois, d'autres pas du tout.
Consciente de l'imperfection des choses, la FAO attend les résultats de sa surveillance post-vaccinale. "Il est trop tôt" pour dire si l'opération a été efficace, estime Astrid Tripodi, coordinatrice de la lutte contre la maladie au bureau de la FAO, à Hanoï.
"La situation est plutôt positive. Mais il ne faut surtout pas relâcher les efforts. Il faut continuer la vaccination, mais aussi toutes les autres mesures", insiste-t-elle.
Nul, d'ailleurs, ne songe à pavoiser. Tout le monde se souvient que les autorités avaient déclaré leur victoire contre la maladie en 2004 avant d'être contredites par des cas humains et animaux.
Le mois dernier, le Premier ministre Phan Van Khai a chargé le ministère du Commerce d'alimenter les marchés en produits sains et consommables, et demandé aux autorités compétentes de tout faire pour éradiquer le virus en 2006.
Deux objectifs difficiles à tenir.
"Nous avons suffisamment de volailles pour le têt, mais savoir si les volailles réellement saines seront accessibles aux consommateurs est un autre problème", résume Nam.
Quant à l'éradication de la maladie, elle est irréaliste, dit-il en substance. "Nous ne pourrons éliminer la grippe aviaire de nos cheptels en 2006. Nous ne pourrons changer (aussi vite) nos méthodes d'élevage. Même la Thaïlande et la Chine, qui ont de meilleurs systèmes, ne peuvent s'en débarrasser".
Source : AFP 5 janvier 2006
Sujet: Grippe aviaire